Jean Cazelles est né à Viviez, au cœur du bassin industriel aveyronnais. Autodidacte, dès sa petite enfance il pratique le dessin et la photographie. Formé ensuite à Paris, à l’Ecole Supérieure d’Arts Graphiques, il s’établit enfin à Rodez professeur d’arts plastiques de collège, lycée, école normale. Dès lors, il développe une pratique personnelle de photographe, en noir et blanc, pratique stimulée par une science hors pair du laboratoire.
En 1988, il organise à Rodez le premier festival Photofolies qui a permis de présenter au public local des expositions de photographies de Robert Doisneau, Raymond Depardon, John Batho, Tom Drahos, Josef Koudelka, Denis Roche…
Les éditions successives de ce festival, toujours en activité, ont beaucoup apporté aux Ruthénois en matière de formation et de découverte du médium photographique moderne et contemporain. Cazelles fait naître la lumière du noir. Celui-ci, « noir de schistes, noir des fumées, noir de la houille et des crassiers », comme l’écrit son ami Jean-Claude Gautrand, est une source de métamorphoses du réel.
Le photographe dissout la substance même de la photographie : l’objet ou le fragment de nature s’en trouve transfiguré. Ou si l’on préfère, le sujet initial doit être déchiffré. Jean Cazelles, ami de Jean Dieuzaide – l’héliogravure, un caviar délicieux –, émule d’Ubac, de Brassaï, d’Ansel Adams, de Wynn Bullock, atteint une forme d’abstraction mystérieuse. Il se souvient de ses visites à la Galerie de France, où il découvrait Soulages, Zao Wou Ki, Poliakoff, Hartung. Chez Cazelles l’emprise de la matière dépasse les effets picturaux : le laboratoire défie toute tentation du réel…